Séances d’éducation à la vie affective et sexuelle dans les collèges : un exemple de promotion pour la santé intégré à la formation en maïeutique

12 Sep 2024 | DOSSIERS | 0 commentaires

La période de l’adolescence se caractérise par de multiples changements : d’une part les transformations d’ordre corporelles et cérébrales (y compris psychiques) et d’autre part, un remaniement du rôle social de l’individu (au sein de la famille et dans les relations aux autres mais aussi en termes de droits et de responsabilités.

Pour la plupart des adolescents, c’est le moment de l’exploration sexuelle et romantique.

La santé sexuelle se définit comme un « état de bien-être physique, émotionnel, mental et social… pas seulement l’absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. Elle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, discrimination ou violence. Pour que la santé sexuelle soit atteinte et maintenue, les droits sexuels de toutes les personnes doivent être respectés, protégés et réalisés » (OMS 2014 ; UNESCO, 2018).

Relevant d’abord de la sphère privée, l’Éducation à la vie Affective et Sexuelle (EAS) est entrée dans l’institution scolaire et est devenue un élément clé des politiques de santé (Circulaire n° 2018-111, Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Ministère des Affaires sociales et de la Santé).

L’EAS constitue une approche globale et positive qui vise à apporter à chaque individu les connaissances, compétences et capacités nécessaires à une vie affective et sexuelle respectueuse, et épanouie. Pourtant, l’EAS est souvent présentée sous le prisme des risques (Infections sexuellement transmissibles, risque de grossesse non désirée, harcèlement, violences, mauvais usages des médias et des réseaux sociaux, accès à la pornographie, …).

Intégrée depuis 2006, aux programmes scolaires notamment dans les collèges et lycées, l’EAS se doit d’être construite sur des données probantes et s’appuyer sur l’ensemble des compétences psycho sociales. “Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène. Ces séances présentent une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes. Elles contribuent à l’apprentissage du respect dû au corps humain et sensibilisent aux violences sexistes ou sexuelles ainsi qu’aux mutilations sexuelles féminines » (Article L312-16 du Code de l’éducation août 2021).

A l’école de sages-femmes de Bordeaux, des interventions (2 à 3 par an), animées par des étudiants en maïeutique de deuxième cycle accompagnés d’une sage-femme enseignante permettent aux étudiants d’acquérir des connaissances sur la méthodologie d’action de prévention. Ils apprennent à créer un cadre sécurisant  en posant les règles en début de séance (confidentialité du groupe, ne pas parler de sa propre intimité, respect des autres, …), à animer un groupe en s’appuyant sur des méthodes  et des outils pédagogiques adaptés (en lien avec les acquis des enseignements du service sanitaire des étudiants en santé, des Unités d’ enseignement en prévention, en gynécologie et santé génésique et en collaboration avec l’Institut pour la Recherche en Santé Publique), à adopter une écoute active, à reformuler et à transmettre des messages clairs, compréhensibles, adaptés fondés sur des preuves.

Au cours de ces séances, les étudiants en maïeutique permettent aux lycéens et aux collégiens de collèges de l’ex région Aquitaine qui nous sollicitent de :

  • Créer un espace d’échanges, confidentiel, respectueux et de répondre aux questions ;
  • De les faire réfléchir à ce qui est « bien/bon » pour soi et pour l’autre, à leurs capacités à faire des choix responsables ;
  • D’aborder des sujets qu’ils n’auraient pas osé aborder dans le cercle familial, éducatif ou amical ;
  • D’exprimer pour certains, leurs émotions et ce que pourrait être une sexualité-plaisir ;
  • De traiter du rapport au corps, de l’hygiène, de la relation à l’autre et du consentement en leur donnant des bases pour une réflexion qu’ils mèneront tout au long de leur vie ;
  • De les informer sur les ressources mobilisables dans leur environnement (associations, centres de santé, professionnels mobilisables, établissements de santé accessibles aux ados) et de rechercher des informations validées scientifiquement et fondées, autres que celles glanées dans un nuage de technologies de l’information et de la communication nébuleux parfois (réseaux sociaux, médias, influenceurs …).

 

L’EAS est un enjeu politique et sociétal. Fondée en France sur la prévention des risques, elle se doit d’être aussi une source d’épanouissement harmonieux. Pour répondre aux objectifs de l’OMS, l’EAS devrait s’appuyer sur un vrai programme et être évaluée. Il nous semblait important de l’intégrer aux programmes de formation des étudiants en maïeutique, dans le cadre d’une UE optionnelle, afin de les former à la promotion d’une vie sexuelle et affective épanouie, respectueuse et unique. Les sages-femmes, acteurs de santé publique ayant leur rôle à jouer dans cette approche.

 

 

Séverine BARANDON

 

 

Sage-femme Coordinatrice-Directrice école de sages-femmes de Bordeaux,
Coordinatrice de l’UE optionnelle Prévention et éducation à la vie affective et sexuelle.

 

Pour aller plus loin :

 

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