Les rencontres du collège des sciences de la santé

19 Jan 2023 | HISTOIRE | 0 commentaires

Depuis 2019, le collège des sciences de la santé de Bordeaux propose aux professionnels de santé, de se retrouver sur le campus Carreire aux « Rencontres du collège » pour échanger autour d’un thème de santé.
Cet événement gratuit invite à découvrir un thème différent à chaque session et permet de rencontrer les nouveaux enseignants-chercheurs nommés durant l’année.

Pour chaque rencontre, le collège invite un conférencier qui aborde un thème, suivi d’échanges avec l’assistance.
Les thèmes des trois dernière sessions :

  • 2019 – Les médecines alternatives : symptômes d’une maladie de la médecine
  • 2020 – Représentations et réalités autour de la responsabilité des soignants
  • 2022 – Entre libéralisation et encadrement : Où vont les lois de bioéthique ?

Rendez-vous pour les prochaines rencontres du collège !


Pour en savoir plus, voici les abstracts des dernières rencontres :

Les médecines alternatives : symptômes d’une maladie de la médecine

Qu’est-ce que la philosophie des sciences médicales peut apporter aux controverses sur l’homéopathie et sur les « médecines alternatives » ?

La philosophie des sciences médicales est l’étude des concepts, théories, méthodes et stratégies des sciences médicales. Elle cherche d’abord à clarifier les termes des problèmes, première condition pour les résoudre. On partira de l’hypothèse que ces pratiques alternatives sont un symptôme d’une véritable maladie de la pratique mé- dicale : c’est elle la première cause de l’existence de ces pratiques alternatives, ou plus exactement, c’est un ensemble d’attentes sur lesquelles la science médicale elle- même s’appuie, et qu’elle véhicule et nourrit naturellement. Pour être plus explicite, c’est l’attente qu’il doit exister un traitement efficace pour chaque état de santé in- désirable, qui nourrit le recours à toutes les alternatives à la médecine comme à la médecine elle-même.

Le vrai problème soulevé par l’homéopathie et les pratiques alternatives n’est donc pas qu’elles sont irrationnelles. Si l’on suppose que l’homéopathie sera discrédité un jour, de nombreuses autres pratiques pourraient émerger, plus plausibles peut-être, mais probablement guère plus efficaces. Le véritable problème, c’est donc de savoir que faire devant l’incertitude qu’il existe un traitement efficace contre les maux que nous craignons ou dont nous souffrons, voire la possibilité qu’il n’en existe pas.

Certains défendent la thèse qu’il faut encourager les pratiques alternatives inoffensives dans le cadre médical traditionnel, ce que ferait, selon eux, l’homéopathie. D’autres souhaitent voir dénoncer l’homéopathie et toutes les pratiques alternatives dénuées de fondement scientifique.
On développera dans cette conférence une proposition plus proche de la deuxième option. Elle s’appuiera sur la proposition d’un rapport plus équilibré entre croyances, attentes et connaissances en médecine. Avec ceux qui veulent voir encourager et reconnaître la pratique de l’homéopathie, il faut réfléchir aux responsabilités qu’ils ont envers la science qu’ils représentent, qu’ils le veuillent ou non. Avec ceux qui souhaitent voir simplement dénoncer l’homéopathie, il faut s’interroger sur la nécessité de balayer devant sa porte pour être à la hauteur de la rigueur qu’on attend d’eux.
On terminera enfin sur une proposition fantaisiste pour remplir les fonctions positives de l’homéopathie… dans la plus grande rigueur scientifique.

Pr Maël Lemoine

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Représentations et réalités autour de la responsabilité des soignants.

Le droit est souvent une question qui effraie les soignants. La norme est vécue comme une contrainte, une obligation de plus dans une activité déjà en elle-même bien contraignante. La responsabilité n’échappe pas à ce préjugé défavorable. L’objet de cette conférence est de démentir certaines idées reçues qui souvent procèdent d’une représentation très éloignée de la réalité.

Trop souvent, il existe une forme de sur-représentation de la responsabilité qui la rend anxiogène avec des contraintes administratives qui sont attribuées à une obligation juridique, qui pourtant n’existe pas… L’information donnée au patient doit être obligatoirement délivrée par écrit : c’est faux ; les personnels hospitaliers doivent être obligatoirement assurés : c’est faux ; si un personnel hospitalier com- met une infraction pénale, c’est lui qui devra indemniser la victime : c’est faux ; un mineur ne peut pas recevoir de soins sans l’accord de ses parents : c’est faux ; contrairement aux personnels hospitaliers, les salariés du secteur privé sont civile- ment responsables en cas de faute : c’est faux ; même si on n’a pas commis de faute et qu’il y a un dommage, on sera responsable : c’est faux…Ce n’est d’ailleurs pas de la responsabilité dont il sera question, mais des responsabilités. La notion est polymorphe et derrière un même terme se cachent des responsabilités bien différentes. La responsabilité morale n’est pas la responsabilité juridique, la responsabilité pénale n’est pas la responsabilité civile ou encore la responsabilité disciplinaire. Se sentir responsable, ce n’est pas être responsable…

Mieux encore, le sentiment d’une explosion de la responsabilité des soignants est une idée tenace. La réalité est plus complexe. Selon les modes d’exercices, les métiers, les statuts ou les spécialités, le tableau est bien plus nuancé. Si la relation de soin a bien évidemment considérablement évoluée et que désormais les patients n’hésitent plus à agir en responsabilité, les actions demeurent tout de même relativement rares au regard du nombre considérable d’actes de soin pratiqués. Le but de cette conférence est donc de faire mieux connaître la responsabilité au monde des soignants et de promouvoir une approche apaisée de cette question.

Pour terminer, le conférencier abordera un visage trop souvent méconnu de la responsabilité : la responsabilité positive.

Pr Laurent Bloch

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Entre libéralisation et encadrement : où vont les lois de bioéthique ?

Depuis les années 90, après la mise en place du CCNE en 1983, de nombreux changements se sont opérés sur la scène de la bioéthique dans notre pays.

L’objectif des lois de bioéthique « à la française » consistait à associer le progrès de la science avec le respect de la dignité humaine, et donc à prévenir les dérives telles que le clonage humain ou le trafic d’organes par exemple. Le cadre est posé dès les premières lois de 1994 qui réaffirment la protection de la personne humaine et donc du corps humain par lequel elle se manifeste. Le statut de celui-ci est encadré par l’inscription initiale dans le droit des principes d’intangibilité et d’indisponibilité du corps dont le principe de consentement libre et éclairé constitue le pendant des deux premiers. Le consentement dans ce cadre concerne tout acte qui implique la personne humaine, tant pour la recherche que pour le soin.

Va et vient constant entre l’éthique et le droit, en perpétuelle évolution en fonction des avancées de la science et des évolutions sociétales, l’évolution des lois de bioéthique nous occuperont lors de cette conférence qui s’interrogera sur le chemin qu’elles prennent au fil de chacune de leurs révisions. Ces reprises régulières de l’éthique de la santé par le droit reconfigurent les valeurs partagées et portent l’empreinte des changements de mentalités collectives. Les avancées en matière de bioéthique sont indéniables : création de l’agence de la biomédecine (ABM), association des Espaces de Réflexion Ethique Régionaux (ERER) à l’organisation des états généraux de la bioéthique, ouverture de la recherche sur l’embryon, possibilité de cryoconservation des ovocytes pour toutes les femmes en âge de procréer etc. D’autres avancées sont à l’origine de nouveaux dilemmes éthiques et font surgir de nouveaux conflits de valeurs entre autonomie, justice et balance bénéfice risque. L’élargissement de l’indication de la PMA en est un exemple paradigmatique qui interroge l’effritement d’un des frontispices des premières lois de bioéthiques : l’anonymat.

Cette conférence exposera à grands traits le contenu de ces révisions et interrogera les nouveaux défis et les nouveaux enjeux que posent celles-ci. La complexification et la libéralisation de ces lois abordera aussi la question de la nécessité et des modalités de l’enseignement de l’éthique existant en France et dans notre Collège santé.

Pr. Véronique Avérous

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Collège sciences de la santé - Université de Bordeaux

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